Zingara

Il neige à Séville

Vendredi 25 janvier 2013 à 11:46

 Ma convalescence prend son dernier tournant. 

Je dois l'admettre, les mots utiles et utilisés depuis sept mois ont perdu de leur résonance. Leur justesse se fane, ils se démodent au fil des jours, des semaines.
Il y a l'oubli. L'oubli de ce que c'était.
Le souvenir n'est plus aussi tangible, il s'estompe, s'efface. 
Plus que quelques traces m'évoquant le passé. Je peux de plus en plus me tourner vers l'avenir, l'ancien m'indiffère de plus en plus. 
J'entre dans une nouvelle ère. Le vécu se referme à jamais. 

Je le sens. 

L'avenir me tend les bras, je vais enfin pouvoir le regarder dans les yeux. 

Dans ses beaux yeux clairs de jour. 

Convalescence. 
Réminiscences. 
Résonances. 
Indifférence. 
Renaissance. 
Existence. 

Tout un programme. 



Mercredi 23 janvier 2013 à 22:24

 Aujourd'hui débute le douzième jour de ma Convalescence. 
 
J'ai envie de t'oublier, de te réduire à néant. Détruire toute cette haine qui me hante. Va-t'en
 Je t'ai dit, la dernière fois, il y a presque six mois :
 
" Souviens-toi de moi. "

Maintenant, oublie mon destin
Comme je veux oublier le tien ? 
 Pars. 
Pourquoi est-ce que j'alimente ton importance ? Tu n'es plus rien, en vérité. Qu'une ombre que l'on ne veut pas retenir. 
Je t'imole de mon ignorance. 
Je te croise, je ne te vois plus. Tes traits disparaissent dans la pénombre. 
Tes traits, tes mots et tes coups. 
Plus rien pour me faire souffrir. Tu n'es plus. 
Tu n'es plus. 
Tu n'es plus rien. 
Je te chasse à jamais de mon esprit. Ne reviens plus. Je t'oublie. Je te réduis à néant.
Ton existence en moi prend fin. Ma chair se referme.
Je ne t'aime plus. Je ne te hais plus. Je n'ai pour toi qu'une amère indifférence. 
Je te rends mes chaines, t'arrache ma soumission et ma douleur que tu as gardé contre toi.

Je reprends ma liberté

Libre de ne plus t'appartenir. Libre de ne plus te haïr. Libre de ne plus t'aimer. 
Comme à chaque être humain, je te souhaite d'être heureux. Trouve ton bonheur. Deviens enfin un homme.


Libère-toi, toi aussi. 
 







Dimanche 13 janvier 2013 à 14:45

 Aujourd'hui débute le onzième jour de ma Convalescence. 

Mes jours de Convalescence s'espacent avec le temps. C'est une bonne chose, la fin approche. 2012, cette année s'est achevée. Le renouveau peut fleurir. Il est derrière moi, tout est derrière moi, bien derrière moi. Tout s'éloigne, tout devient hors de portée. Rien n'est récupérable, tout est tombé, je me suis envolée. 

Un mauvais rêve. 
Il m'a fait peur. 
Este es un demonio. 

Qu'il ne s'approche plus jamais de moi. 
J'accède à la haine, la haine pour ce qui m'a fait devenir un objet, dans l'ombre de moi-même. Je crache sur ses humiliations, sur ce qu'il m'infligeait. 
J'ai perdu mon chagrin soumis et mes regrets innocents. 
Plus de douleur, juste de la colère et de la violence. 
En avait-il conscience ? Par pitié, j'espère que non. 

Je prends sur moi la violence de son être, de ses pulsions. 

Cauchemar. Pesadilla. Cauchemar. 

Il y a, gravé en moi, ce visage de petite fille, blonde, des yeux bruns en amande. L'air si innocent, si enfantin. Elle ne comprends pas les regards qu'il lui jette. Je ne peux pas la lui livrer. 

Lundi 24 décembre 2012 à 11:23

Aujourd'hui débute le dixième jour de ma convalescence. 

Je me sens seule. J'ai pas envie d'être là " en famille " pour passer un Noël rituel et terre-à-terre. Je voudrais retrouver la magie, bordel. 
Il n'y a plus que moi seule et mon reflet. Juste moi et mon image. 

J'aimerais avoir des amis avec qui sortir, avec qui faire la fête. Comme tout le monde. Je ne suis plus difficile, je suis prête à aimer et à profiter de chaque personne qui se présentera. Je voudrais sortir avec des amis, faire la fête. 
Chaque fois que je m'autorise cette pensée elle est instantanément coupée par la triste vérité de ma fausse-liberté. De ma liberté de pacotille. J'aimerais être véritablement libre. Libre de sortir mais aussi libre d'être seule. Pouvoir me prendre véritablement en main, seule, sans personne d'autre. Juste vivre ma vie de bohémienne en pleine conscience sans soucis et sans obligations. 
Plus qu'un an. 363 jours peut être avant cette rédemption. Avant la grande respiration. J'en ai marre de retenir mon souffle. Je veux sortir, je veux qu'on ouvre ma cage et qu'on me laisse faire mon nid. 

Je voudrais que ma cabane existe enfin. Sous un toit. Dans une petite rue de ma ville. 
Au fond, nous ne sommes jamais accompagnés. Toujours véritablement seuls dans notre entité. personne ne vit avec nous, personne ne vit en nous. L'enfance est un profond mensonge là-dessus. Personne n'est nous, personne ne décide pour nous. J'en peux plus d'être étouffée.
Plus qu'un an et la vie s'ouvrira à moi. 

J'ai un peu pensé à lui. Notamment un peu d'angoisse vendredi, pour mon anniversaire. Je pensais qu'il m'enverrait un texto. Rien du tout. En même temps ça ne sert plus a rien d'y penser. Il y a un an pile on était ensemble, relativement heureux. 
Je suis plus heureuse aujourd'hui, je ne le regrette pas. 
Même si je déprime quand même un peu. J'ai le droit, non ? 
Il y a M. aussi que je dois parvenir à oublier un peu aussi. Je me suis bloquée à l'attendre. Ce qu'on a vécu était beau. Maintenant c'est FINI. et c'est tant mieux. M. n'est pas quelqu'un de stable et avec lui, j'aurais été jalouse et constamment sur la sellette. Je le sais très bien. J'ai vécu de jolies choses avec lui. Fin. Fin de l'histoire. 

Samedi 8 décembre 2012 à 11:52

 Aujourd'hui débute le neuvième jour de ma convalescence. 

Malgré une très certaine langueur de vivre, je dois dire que je me porte beaucoup mieux.
Ma vie va mieux et se détourne petit à petit de celui qui m'a fait, un jour, du mal.
Le temps, le temps, le temps. Il n'y avait que ça, et il n'y a que ça.
Le temps de guérir.
Passer les longues étapes de la convalescence. 
Je vais déjà beaucoup beaucoup mieux. 

Il n'existe plus.
J'ai fermé toute éventuelle fenêtre sur sa vie. Je ne sais plus rien, et je ne veux plus rien savoir. J'ai même de moins en moins peur de le croiser en ville. Bon, je serais sans doute très troublée si je venais à croiser son chemin. Mais ce serait tout je crois. Ma vie sans lui, aujourd'hui n'a plus rien à me prouver. Je suis bien plus heureuse maintenant, dans mes rêves, mes espérances, qu'avant, dans son sillage et dans la crainte d'en sortir. 

Aujourd'hui, peu importe. Je n'ai plus peur de lui. Plus je m'éloigne et plus il rétrécit, il est si loin maintenant.
Je peux me retourner sur ces trois mois et demi sans même l'apercevoir, tant il est minuscule. Je ne me souviens plus de ses traits, plus de sa voix. Il n'aura bientôt plus que la place d'un souvenir lointain, celui de " mon premier amour ".
Mais, d'un premier amour désacralisé, tombé de son piédestal. 

Je ne pleure plus, ça fait longtemps que je n'ai plus pleuré. Je pleurais tous les jours avant, quand je partageais sa vie. Je pleurais parce que j'avais peur. Extrêmement peur qu'il me quitte, que je tombe de trop haut.
Je me trompais.
En pensant ça, je tombais déjà.
Quand nous avons réellement rompu, j'étais déjà au sol. Et prête à accepter l'aide que l'on me tendait pour que je me relève. 

Chaque seconde de vie de l'Après-lui furent bénéfique. Chaque seconde me guérissait un peu plus, méticuleusement , elles refermaient la plaie.

J'accepte d'y penser à présent. Penser à ces moments d'horreur ou de profond chagrin.
Pleurant, criant.
Je repense aux cachets que j'avalait jour à près jour dès que je sentais la peine revenir à la surface. Je me suis un peu interdit d'être triste, je voulais à tout prix éviter de pleurer, j'avais déjà suffisamment pleurer certainement pour pouvoir tolérer des larmes en plus.
C'était une erreur. J'ai avalé ma peine.  
Ces moments sont si près et si loin de moi. Mes cicatrices sont les seules témoins de ce passé-là.
J'en ai oublié la douleur. Encore une fois, je peux y repenser, y méditer, de façon indolore.
J'ai fait mon deuil

Je craignais de me sentir très seule.
Je ne me sens pas si seule, je suis entourée par des gens que j'estime beaucoup. Comme c'est le cas pour M. et S. 
Je ris beaucoup avec des amis que je redécouvre. Avant je ne riais pas. Mon contrôle était permanent, toute détente m'écorchait, car vulnérable, je ne pouvais endurer sa pression psychologique et physique. 

Je craignais d'être rabaissée, de me sentir encore plus enfant, gamine.
Non, je ne me suis jamais sentie aussi femme. Et libre de tout ressentir, de tout goûter. 

Je craignais de me refermer sur moi-même.
Je sors moins, c'est évident. J'ai une vie sociale mais je ne dépend pas des autres comme je dépendais de lui. 

Je craignais de m'enlaidir, de dépérir sans m'en rendre compte.
Je prends bien plus soin de moi. Je prends enfin pleine possession de mon corps. Avant, toute ma beauté lui était offerte et il la dégradait. Maintenant elle se développe et se préserve. 

Je craignais de réduire ma vie artistique, de quitter ma passion qu'il m'avait révélée.
Bien au contraire...


Je craignais d'être déprimée, que plus rien n'ai de goût.
Non,je suis juste moins difficile, plus hédoniste. 

Je ne crains, à vrai dire, plus qu'une seule chose.. De m'ennuyer ces prochains mois, de passer un printemps et un été décevants. 

Mais au fond. Je ne sais pas ce qui se trame. 


C'est la convalescence, le moment béni. C'est le temps de la reconstruction, du soin, de l'écoute de soi, la petite voix s'exprime enfin.. 





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